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Chellah, la mystérieuse Nécropole Mérinide
NDLR (juillet 2021): l’enceinte de la Nécropole du Chellah est fermée au public pour travaux.
Bâtie sur les ruines de l’ancienne cité Romaine de Sala Colonia, cette nécropole baptisée par les guides “plus romantique site du Maroc”, n’a pas toujours bénéficié de l’engouement qu’elle suscite de nos jours.
A l’écart de la Ville ou plutôt hors de l’enceinte Almohade, situés au sud le long des marais et du Bouregreg, les vestiges de cette nécropole Mérinide du XIIIème siècle furent pendant longtemps, comme la Tour Hassan, laissés à l’abandon. Cet édifice détruit par le tremblement de terre de 1755 et dépouillé des ses matériaux les plus nobles par les pillards, est ainsi resté à l’état de ruines pendant plusieurs centaines d’années. Si le site est classé monument historique dès 1913, ce ne sont pas des archéologues professionnels mais deux amoureux du site, Jules Borély, successeur de Tranchant de Lunel au service des beaux-arts et monuments historiques du Maroc et la princesse égyptienne Khadidja Riaz Bey qui, en 1929, mettent à jour au sein de la nécropole mérinide, la cour centrale de la madrassa ainsi que les vestiges antiques romains de Sala Colonia.
Ce site est désormais protégé par les autorités Marocaines, qui ont saisi tout l’intérêt historique, touristique et désormais commercial de cet endroit à nul autre pareil (CF : le dernier paragraphe de cette page sur la création de la société qui gére ce site). Cerné par une urbanisation envahissante, il est pourtant à l’écart des constructions des quartiers modernes de Youssoufia et Souissi tout proches qui ne le dénaturent pas.
Aprés avoir franchi, par la célèbre porte octogonale très bien restaurée, les murailles érigées par le sultan Abou al-Hassan Ali, vous descendrez le long d’un agréable chemin dallé bordé d’arbres d’essences variées et de fleurs odorantes.
Au printemps, le site en pleine floraison est tout simplement féérique.
A la tombée de la nuit, le décor est spectaculaire voire impressionnant, et l’on comprend mieux pourquoi cet endroit suscite mystères et légendes.
Très vite, si vous êtes à la bonne saison, vous entendrez les cigognes et leur claquement de becs assourdissant par moment. Les cigognes qui avaient déserté le site sont revenues. Des esprits chagrins vous diront qu’on a tout fait pour qu’elles reviennent, mais peu importe, elles sont bien là, et on espère pour très longtemps encore, puisqu’elles semblent s’y plaire et y séjournent toute l’année.
L‘étrangeté de ce site tient sans doute au fait que la nécropole fut érigée à proximité immédiate des vestiges de l’ancienne cité romaine. Pourquoi ? Nul ne le sait vraiment, mais sans doute le lieu véhiculait déjà ses légendes.
C‘est le premier sultan Mérinide Abu Youssef Yakoub qui choisit très précisément ce lieu et qui décida de construire une mosquée au milieu des ruines de Sala. Il y fut enterré en 1286 ainsi que sa femme et après lui quatre de ses successeurs.
Le sultan Abou Al-Hassan érigea, sur les fondations des enceintes romaines, les impressionnantes murailles qui ceinturent la cité des morts. Après s’être emparé de toute l’Afrique du Nord, il décida en 1339 de construire un véritable complexe funéraire et perça ces murailles de la fameuse porte octogonale par laquelle on pénètre. Là encore, on ne saisit pas de nos jours, quel était l’intérêt que pouvaient représenter ces enceintes militaires, sans doute le lieu était-il hautement symbolique pour l’autorité des Sultans de l’époque ?
Au centre de cette nécropole, il ne reste que quelques pans de mur de la Zaouïa. Cet établissement religieux était tout à la fois une mosquée, une école coranique et un centre d’hébergement pour les pélerins et les étudiants. Selon certains auteurs, cette Zaouïa était encore plus luxueuse que les medersas de Fès dont elle avait les mêmes principes de construction. La légende veut que Mahomet lui-même ait prié dans son oratoire.
On pouvait voir encore quasiment intacte la stèle en marbre blanc d’Abou Al-Hassan ainsi que celle de sa femme, Chams Al-Doha, “Soleil du Matin”, chrétienne convertie à l’Islam, qui reposent tous deux ici, mais il y a peu de temps ces deux stèles ont été retirées pour restauration et se trouvent désormais visibles au musée de l’histoire et des civilisations (ancien musée archéologique).
Chams Al-Doha surnommée Lalla Chellah, fait toujours l’objet d’un véritable culte dans le tout Maroc : on vient encore se recueillir sur sa tombe près de huit siècles après sa mort.
La dépouille d’Abou Al Hassan fut transférée de la région de Marrakech en l’an 752 de l’Hégire (année 1352 de l’ère chrétienne) par son successeur Abou Inan.
A droite du minaret en contrebas des koubbas, les tombeaux des saints, vous vous dirigerez spontanément vers le bassin aux anguilles, propre à assurer la fertilité aux femmes. Selon la légende, le bassin serait alimenté par une source miraculeuse, la source des Canons, où vivrait un poisson couvert d’écailles d’or.
Les anguilles auraient la faculté de guérir la stérilité. En guise d’offrandes les jeunes femmes en mal d’enfants doivent jeter des coquilles d’oeufs, symboles de fertilité, mais le bassin est en fait jonché de pièces de monnaie auxquelles personne ne touche ! Les anguilles se font rares, mais poissons et tortues y pullulent, sans oublier les chats que de pieux imams protègent.
Si plus aucun sultan ne fut enterré au Chellah après Abou Inan, le site resta un sanctuaire et les notables Rbatis continuèrent à s’y faire enterrer, c’est pourquoi on trouve encore sur le site de nombreuses tombes anonymes.
En remontant vers la sortie, on observera une dernière fois, sur fond de verdure de la vallée du Bou Regreg, le minaret et ses zelliges en faïence polychrome, blancs, noirs, verts et bleus, prestigieux décor pour un nid de cigognes.
L’administration du site du Chellah a été confiée à une société nouvellement créée la SDR «Rabat Région Patrimoine Historique». Au programme de cette société, une refonte du système de billetterie visant à fluidifier le volume des visiteurs qui s’accompagnera d’une révision du prix du billet de visite (dommage).
La visite traditionnelle pourra s’effectuer à travers trois parcours de visite audioguidée en plusieurs langues, mais il faudra aussi compter sur l’organisation, sur le site, d’événements culturels ou commerciaux (en dehors des heures de visite ?).
A ce jour, le site n’est toujours pas accessible aux visiteurs.