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TOUR HASSAN de Rabat
Tour Hassan, symbole de Rabat et du Maroc
Rabat pouvait s’enorgueillir de compter plus de cinquante mosquées au début du XXème siècle, la plupart œuvre des souverains Alaouites (dynastie actuelle).
Pourtant, la plus prestigieuse d’entre elles ne fut sans doute jamais lieu de culte : la Tour Hassan est, en effet, le minaret jamais terminé de la plus grande mosquée de l’époque médiévale (avec la grande mosquée de Samarra). La mosquée Hassâne (ou Hassan) est, de fait, devenue “Tour Hassan”.
La Tour Hassan est bien plus qu’un minaret. C’est toute la puissance de l’empire almohade que le créateur de cet impressionnant minaret a voulu exprimer en érigeant cette “tour” au bord de l’océan telle un phare, visible à plusieurs kilomètres par delà le rivage par les navires amis ou ennemis longeant la côte.
On ignore beaucoup de choses de cette oeuvre gigantesque à commencer par son nom dont on ne connaît pas l’origine : nom du lieu, nom d’une tribu ou nom du maître d’oeuvre ? Pour certains historiens du XVIIIème siècle, notamment espagnols, l’architecte serait un dénommé Guever, Sévillan mort vers l’an 1197 qui aurait conçu à l’identique la Giralda de Séville, la Koutoubia de Marrakech et le minaret de la mosquée Hassan de Rabat. Cette hypothèse n’a jamais été confirmée.
La seule certitude historique, c’est la date de début des travaux, 1196, et le nom de l’initiateur, Yacoub El Mansour (dynastie Almohade). Il voulait faire de Rabat la capitale de son empire. Le jeune souverain de la dynastie almohade, issu de la tribu berbère des Masmouda du Haut Atlas, était alors à l’apogée de sa puissance. Surnommé “Al Mansur” (le victorieux) après son écrasante victoire à Alarcos contre les armées du roi de Castille Alphonse VIII, il veut en imposer au monde entier en érigeant cette mosquée aux pieds de la kasbah, un des lieux de départ de ses conquêtes vers Al Andalus. Mais il meurt trois ans plus tard en 1199, laissant une oeuvre inachevée que ses successeurs n’ont pas voulu poursuivre.
Tour Hassan, le minaret d’une mosquée désormais achevée
De la grandiose mosquée, dont il ne subsiste que la tour-minaret, plus rien ou presque n’a résisté au temps. Quelques pans de murs en pisé reconstitués à plusieurs reprises, les colonnades que l’on a redressées mais dont plusieurs morceaux proviennent de sites extérieurs à la Tour Hassan.
Après l’arrêt des travaux, l’immense édifice religieux, trop grand et trop éloigné d’une population limitée à quelques paysans et ouvriers des chantiers navals désertés, se dégrada lentement et les matériaux, pièces de bois rares et pierres de taille, furent exploités pour de bonnes fins ou consciencieusement pillés.
Un incendie et le tremblement de terre de 1755 détruisirent presque entièrement les colonnades. En 1912, on ne dénombrait plus que 21 colonnes dont seulement 15 entières.
Tour Hassan et Mausolée Mohammed V
Aujourd’hui encore, les historiens cherchent à savoir si à l’origine de sa construction figurent les architectes de la Koutoubia et de la Giralda de Séville, tant les trois édifices peuvent paraître semblables.
Longtemps ignorée par les différents souverains marocains qui se sont succédé, la Tour Hassan est désormais réhabilitée. Ce monument a fait l’objet d’une restauration qui lui a enfin permis de révéler ses valeurs esthétiques et historiques.
Elle est devenue la figure emblématique de Rabat et la fierté de ses habitants. De par le geste historique accompli par le Sultan Sidi Mohammed Ben Youssef, le 18 novembre 1955, elle l’est aussi désormais pour l’ensemble des Marocains.
Ce jour là, au surlendemain de son retour d’exil à Madagascar, le souverain marocain a voulu célébrer, le jour de la fête du trône, la prière du vendredi sur le site de la mosquée Hassane, parmi les dizaines de milliers de marocains qui étaient venus fêter l’annonce de l’indépendance du Maroc après 44 années de soumission au protectorat.
Plus de 750 ans après, le futur roi Mohammed V, a réalisé, sur ce site, le rêve insensé de Yacoub El Mansour : rendre à ce lieu son caractère religieux, montrer la magnificence du royaume et témoigner de l’unité du peuple marocain.
Le choix de l’édification du mausolée Mohammed V à ses pieds, est donc hautement symbolique de l’intérêt tout particulier que portent désormais tous les Marocains à ce monument.